Croire. Peut-on tout croire ? Notre esprit est-il prêt à accepter des faits étranges ? À vivre avec sans une once d'inquiétude ?

Ces questions étaient celles que pouvaient se poser les habitants de ce petit monde. Ce microcosme urbain qui devenait ravager, petit à petit, par quelque chose d'étrange. Ce mal s'appelait l'angoisse. Avec le temps, l'air de la ville avait paru plus pesant. Autrefois une folle insouciance régnait et habitait le coeur des gens mais elle avait disparu. Pourquoi ? Comment ? Tout d'abord, le changement s'était manifesté par des évènements exceptionnels puis ponctuels. Certains y avaient prêté attention, d'autres non. Des esprits mettaient cette perception de l'étrange sur le dos de la folie. Ces gens ne savaient tout simplement pas ce qu'ils disaient mais ces personnes qui clamaient cela ne se rendaient pas compte qu'elles se faisaient aussi dévorer. Dans le quotidien de chaque individu, un fait irrationnel avait lieu. Si quelques-uns choisissaient d'invoquer la fatigue, la faiblesse de leur entendement, d'autres succombaient. Doucement, ils se trouvaient emprisonnés de leur peur et malgré eux devenaient des jouets. Autour d'eux, la ville se transformait laissant des bâtiments être détruits au profit de nouvelles constructions. Qu'y avait-il de mieux que de détruire des repères pour mieux régner ? Les quartiers se trouvaient renommés comme si une personne essayait de se les approprier. Cet endroit était entrain d'être vidé de son âme mais il ne fallait avoir aucune crainte, des mains habiles lui en créaient une nouvelle et les tendres pantins pourraient se remettre à vivre. Cependant ces mêmes mains s'amusaient à torturer les pauvres âmes afin de les envoyer vers le pays d'où personne ne revient. La mort ou le royaume secret. Combien de personnes étaient partis vers ces contrées ? Elles avaient disparu un beau jour, sans laisser de traces, comme si elles n'avaient jamais existé. Comme si tout n'était qu'un mauvais rêve. Un cauchemar dans lequel une pluie carmine s'abattait, se fracassant contre l'asphalte. Rêve ou réalité ? La torture de ces êtres humains provoquait une odieuse délectation chez celle qui était derrière cette mascarade. Dans sa bouche, un goût métallique lui rappelait un peu plus chaque jour, la raison de ses actes.



Alors tout cela n'était-il qu'un jeu ? Celle qui était à l'origine de tout cela, était-elle encore humaine ? Assurément non, néanmoins seuls, les initiés pouvaient le savoir. Ceux qui l'avaient aidé dans la mise en oeuvre de son plan. Ils étaient partout et peut-être même que vous leur aviez déjà parlé. Quant à elle, elle était comme ces hommes et ces femmes qui repeuplèrent brusquement la ville. Ces revenants furent baptisés les Spooks. Ils avaient échappé au froid éternel mais certains portaient des séquelles de leur voyage. Parfois, ils n'étaient plus qu'un vague surnom, leur identité ayant été oubliée. Ils éprouvaient cependant une sensation de liberté inégalée comme si un poids leur avait été ôté. Maintenant que la bride était relâchée, que tout paraissait possible, le pire comme le meilleur pouvait advenir. De quoi ces spooks étaient-ils capables ? Tranquillement, elle les contemplait plongés dans cette inquiétude quotidienne. Une épaisse brume était tombée autour de la ville comme pour montrer qu'ici, rien était comme ailleurs. Que cet endroit deviendrait une sorte d'enclave peu rassurante. La nuit, un homme prétendait que son camion essayait de le tuer. Un adolescent au double visage avait déjà commis l'irréparable. Une femme entendait le chant des défunts lorsque vingt heures approchait. Chacun vivait un moment où l'inexplicable se glissait dans sa vie. Tout ne faisait que commencer et la spectatrice, discrète initiatrice de ce destin, avait surnommé cette histoire : The Spook Show. Moment où la réalité et l'improbable ne faisaient plus qu'un. Moment où les êtres tentaient de garder et en même temps de combattre leur raison. Ces revenants se révélaient profondément marqués par ce qu'ils avaient frôlé. La mort pour certains, un voyage dans un pays au nom secret pour d'autres. Mais dans cette ville, réunis, ces êtres s'entrechoqueraient, s'aimeraient, se détruiraient.

Et vous ? Croyez-vous que tout cela soit possible ? N'avez-vous pas peur... de vérifier par vous même ? Faîtes attention à ce murmure...